S’intégrer dans un groupe de pairs, tisser des amitiés, apprendre à coopérer : pour les jeunes enfants, les premières années en crèche ou en garderie sont bien plus qu’un simple temps de garde. C’est une étape essentielle dans la construction de leur intelligence émotionnelle et sociale.
Comprendre les émotions des autres, un apprentissage fondamental
Les recherches en psychologie du développement montrent que les enfants qui perçoivent et comprennent mieux les émotions de leurs camarades entretiennent de meilleures relations sociales. Dans un environnement collectif comme la crèche, chaque interaction devient une occasion d’apprendre : un partage de jouet, une frustration, un câlin… Autant de moments où l’enfant découvre que ses actions peuvent susciter des émotions différentes chez l’autre.
Cette capacité d’empathie ne naît pas spontanément : elle se construit jour après jour, grâce à un accompagnement bienveillant. Les professionnel·les de la petite enfance jouent ici un rôle clé. Par l’observation, l’écoute et la verbalisation des émotions, ils aident les enfants à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, et à comprendre ce que ressentent les autres.

L’importance du groupe et du jeu libre
Une étude soutenue par le Fonds national suisse (releFant, SNF 100019_169786) a montré un lien fort entre la capacité à reconnaître les émotions et la qualité des relations entre enfants âgés de 2 à 5 ans. Les enfants qui comprennent mieux les émotions d’autrui sont plus à l’aise socialement, plus coopératifs et mieux intégrés dans le groupe.
Le jeu libre, particulièrement valorisé dans les pédagogies actives (Montessori, Reggio Emilia, Pikler, etc.), favorise cet apprentissage. Il permet à l’enfant d’explorer les relations sans contrainte, de faire l’expérience du partage, du conflit, de la réconciliation. Ces micro-expériences façonnent peu à peu leur intelligence sociale.
De la crèche à l’entreprise : la pédagogie du lien et de la confiance
Ces principes d’écoute, de confiance et de coopération inspirent aujourd’hui bien au-delà du monde de la petite enfance. Certaines entreprises suisses, comme eco2net, s’en inspirent pour bâtir un management plus humain.
Son directeur, Patrick Mermoud, s’appuie sur les valeurs issues de la pédagogie Montessori et de l’approche humaniste de Carl Rogers : autonomie, respect du rythme de chacun, coopération plutôt que compétition. Selon lui, « pour bien travailler ensemble, il faut d’abord se respecter et s’aimer ».
Tout comme dans une crèche bienveillante, l’objectif n’est pas seulement la performance, mais l’épanouissement collectif. Chaque collaborateur – comme chaque enfant dans un groupe – apprend à évoluer dans un climat de confiance et de reconnaissance mutuelle.

Des pédagogies variées, un même objectif : grandir ensemble
Les pédagogies de la petite enfance partagent une conviction commune : le bien-être émotionnel précède les apprentissages cognitifs.
- Montessori encourage l’autonomie et la coopération.
- Reggio Emilia valorise l’expression personnelle et le travail de groupe.
- Pikler-Lóczy met l’accent sur la liberté de mouvement et la relation apaisée à l’adulte.
Toutes reconnaissent l’importance du regard bienveillant, de la patience et de la confiance en l’enfant. Ces approches offrent aux tout-petits un cadre sécurisant pour développer leur intelligence émotionnelle, apprendre à écouter, à ressentir et à vivre ensemble.
Un cercle vertueux dès la petite enfance
Dans une crèche ou une garderie qui valorise la coopération, les enfants découvrent que la joie, la frustration, la colère ou la tendresse font partie du quotidien – et qu’il est possible de les comprendre et de les partager. Ce savoir-être leur servira toute leur vie : à l’école, en amitié, puis dans leur future vie professionnelle.
Comme dans les équipes d’eco2net, où la confiance nourrit la motivation, les enfants en crèche apprennent que le respect et l’écoute mutuelle sont les véritables fondations du vivre-ensemble.
En résumé
Une crèche n’est pas seulement un lieu d’accueil : c’est une véritable école du cœur. Les enfants y apprennent à reconnaître les émotions, à créer du lien et à collaborer. Et si l’on y réfléchit bien, ces valeurs — confiance, empathie, coopération — sont aussi celles qui font grandir les adultes.
